Interdit aux chiens et aux Italiens

Le film

Année :2023
Réalisé par :Alain Ughetto
Durée :1h15
A partir de :10 ans

Synopsis

Quelque part perché dans les hauteurs du Piémont vit une famille, les Ughetto, du village Ughettera. C’est ici que les grand-parents du réalisateur, Alain Ughetto, ont vécu. C’est la terre qu’ils ont dû quitter pour immigrer vers la France, construire ses tunnels, ses ponts, ses barrages, traversant les guerres jusqu’à un petit coin dit « Paradis ».

Bande Annonce

Alliant avec originalité et justesse l’animation, le documentaire et la fiction, le film d’Alain Ughetto est un véritable bijou, réalisé en animation en volume.

Un bijou esthétique d’abord. De sa main - incarnée et visible à l'écran - qui modèle, qui transmet, qui reçoit, qui caresse, le cinéaste donne vie à ses grand-parents : Luigi et Cesira. Ces derniers se rencontrent au début du XXe siècle sur le chantier du tunnel du Simplon qui relie l’Italie à la Suisse. Des brocolis, du carton, des carrés de sucre, des citrouilles vertes, des roches noires composent le décor magique des montagnes italiennes abruptes de la famille Ughetto. Façonné sous nos yeux par la main du petit-fils, chaque élément du décor jusqu’aux vêtements délicats des personnages revêt la dimension précieuse, presque sacrée, d’un objet de valeur qui aurait été transmis de génération en génération. Par la magie de l’animation cinématographique, le petit devient grand tout en délicatesse. Des morceaux de charbon se font montagnes vertigineuses, des brocolis, arbres et des citrouilles, maisons. Non sans rappeler la poésie du petit cirque de Calder, la présence de la main de l’artiste ajoute à la force du geste. Avant même de s’intéresser au récit, on jouit de voir ce décor s’animer et faire histoire.

Le film est également un bijou d’écriture porté par la voix forte et fragile de Cesira (Ariane Ascaride) qui converse avec son petit fils, le narrateur du film (Alain Ughetto). Du début au milieu du siècle traversant trois guerres (Libye, Première et Seconde Guerre mondiale), le récit nous entraîne dans le quotidien d’une famille italienne forcée d’immigrer pour survivre. La petite histoire de la famille Ughetto et la grande histoire de l’immigration italienne du début siècle se confondent à merveille dans une proposition narrative où tout a sa place : le courage, la tendresse, la vie, la mort, la beauté de l’être humain, sa laideur aussi et surtout, l’amour. Car malgré les peines et les corps qui s’épuisent, ce qui transpire de ce film c’est l’amour qui unit chacun des personnages, mais aussi celui de l’auteur pour son film et probablement, l’atmosphère dans lequel il a été réalisé.

Comme son titre l’indique, Interdit aux chiens et aux italiens est un témoignage sur un moment de notre histoire récente que l’on a tendance à oublier tant une immigration en « remplace » une autre. Des milliers d’italiens ont traversé les montagnes au péril de leur vie ces années-là fuyant la pauvreté et le fascisme pour ne trouver parfois au bout du chemin qu’une malheureuse pancarte marque de l’ « italophobie » de l’époque. Malgré les difficultés, la famille Ughetto trouve son « paradis » vivant le temps de l’entre deux guerres dans la joie et l’insouciance.

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