Tony, Shelly et la lumière magique met en scène la rencontre entre Tony, un être irradiant, et Shelly, une enfant douée d’une imagination débordante. Tony vit chez lui retenu par un fil que ses parents accrochent à son pantalon pour l’empêcher d’aller trop loin. Il accepte la situation comme il se résigne à couvrir son visage de masques pour ne pas exposer sa différence, jusqu’à l’arrivée de Shelly dans l’immeuble où règne le mauvais esprit. Leur rencontre chamboule le quotidien du garçon qui décide de prendre le large. Il est prêt à tout pour sortir d’un quotidien rendu étouffant par l’attitude protectrice de ses parents et la présence de ses deux petits frères jumeaux. Plein de ressources, il a créé au sein de sa chambre un univers fantastique à partir de coussins et de tissus colorés, mais cela ne suffit pas. Désormais, il désire aller à la rencontre de Shelly qui vient de s’installer avec sa mère, une célèbre ballerine à la retraite et au regard sombre.

D’emblée intriguée par Tony, Shelly remarque son masque d’oiseau, puis la lumière qui irradie de sa peau. Pour la première fois, Tony découvre qu’il peut être regardé autrement qu’avec crainte et dégoût. Shelly qui a aussi quelque chose de spécial voit en lui un « super héros ». Grâce à une lampe torche, la petite fille peut faire apparaître tout ce qu’elle imagine. Parce que Tony a le pouvoir de voir ce qu’elle voit, une amitié puissante naît entre les deux enfants. Ensemble, ils tentent de venir à bout du mauvais esprit qui hante l’immeuble. Prenant la forme d’un gros vers noir à la fourrure soyeuse, le monstre se gorge de tout ce qu’il y a de mal. La seule manière de contrer sa croissance est de le nourrir de lumière. Le gardien de l’immeuble, un vieil homme à l’apparence sombre mais au cœur sensible, se charge de nourrir la bête afin de maintenir la paix du logis, mais il vieillit et les forces du mal semblent prêtes à l’emporter. Tony et Shelly n’ont plus beaucoup de temps pour faire revenir la lumière.

L’alliance des matières fait de chaque plan de Tony, Shelly et la lumière magique une petite merveille de réalisation plastique. L’exubérance décorative et la saturation esthétique du film participent de son charme. L’animation des marionnettes est profondément émouvante : on s’attache à la « tête de lune » de Tony, au regard doux de Shelly caché derrière les grands verres de ses lunettes. Filip Pošivač invente avec ce premier long-métrage un monde unique fait de couleurs, de matières, de plantes qui régalent nos yeux. Grâce à la douceur du découpage, du montage et de l’animation, on a le temps d’observer les détails, on se délecte que chaque porte s’ouvre sur un univers nouveau : la forteresse de tissus éclatante et onirique de Tony, l’univers sombre et désespéré de la ballerine qui ne danse plus, l’appartement charmant et de délicat du vieux gardien de l’immeuble ou encore l’allure drôle et inquiétante de la famille Dodue.