Au Fil de l’eau… un bien joli titre pour un programme de cinq courts métrages dans lequel on se laisse porter d’une histoire à l’autre, à la rencontre de personnages, animaux et humains, pour lesquels l’eau va jouer un rôle déterminant. Ces histoires nous rappellent que l’eau est un élément essentiel, source de joie, d’exploration mais aussi de vie, tout simplement. Et cela crée parfois quelques conflits… La notion de partage et l’art du vivre ensemble sont ici des thèmes centraux, et les crises – colère, chamailleries, jalousie… – trouvent leur résolution dans une forme de compréhension mutuelle et de respect des besoins de l’autre.

S’il te plaît grenouille illustre bien à quel point l’eau permet à toute une diversité d’animaux de vivre, à condition que celle-ci soit partagée, et que chaque espèce puisse en disposer selon ses besoins propres. Dans Bloup bloup, il est question de partager un espace de vie restreint, et d’arriver à cohabiter malgré tout, car le conflit peut mener à la catastrophe, pour tout le monde… Dans Jules et Juliette, il s’agit simplement de s’amuser et de profiter ensemble, et pas forcément aux dépens de l’autre. Nuit de tempête et Lulina et la lune mettent tous les deux en scène des personnages – un feu de cheminée dans le premier, et une petite fille dans le second – qui quittent leur foyer, se sentant abandonnés – l’un à cause d’un chat que la vieille dame semble lui préférer, et l’autre à cause d’un bébé à venir qui lui donne l’impression de la priver de ses parents… Mais ce sera pour mieux y revenir, finalement ! Le feu vit une aventure périlleuse en allant rejoindre la foudre dans la montagne, menacé par la pluie qui risque de l’éteindre, et Lulina vit quant à elle une véritable petite odyssée en prenant la mer, vers la lune… Dans le premier, l’histoire nous amuse, même si elle ne manque pas de suspense, car le feu et la foudre, personnifiés, ont un côté cartoonesque. Dans le second, on suit un chemin beaucoup plus intime et poétique, vers une forme d’acceptation et de réconciliation. La grande beauté du graphisme du film nous ravit de plus par son atmosphère nocturne et onirique, et par son trait coloré et chatoyant, donnant vie aux dessins avec une magie particulière, y compris dans l’histoire elle-même… Finalement le programme, par la diversité des dessins, des univers et des personnages, nous donne l’idée d’un grand tout, où la faune, la flore, le ciel, la nature, les animaux, les humains sont bel et bien ensemble, réunis.