Année : | 2016 |
Réalisé par : | Jan Lachauer, Jakob Schuh, Bin-han To |
Durée : | 1h01 |
A partir de : | 6 ans |
Oubliez les contes tels que vous les avez toujours connus et laissez-vous raconter, par le loup en personne, la véritable histoire de Blanche Neige, du Petit Chaperon Rouge, des Trois Petits Cochons, de Cendrillon et de Jack et son haricot magique. Vous découvrirez ainsi pourquoi le loup désirait tant se venger du Petit Chaperon Rouge, comment cette dernière et Blanche Neige sont devenues amies, à quel point Jack et Cendrillon étaient fait l'un pour l'autre, et ce n'est pas tout !
Et si le loup devenait conteur, le Petit Chaperon Rouge une justicière tout droit sortie d'un film de Tarantino (je laisse deviner aux adultes lequel ou plutôt lesquels) et l’un des Trois Petits Cochons un banquier sans scrupule ? Revisiter les contes avec humour dans un film d’animation, en les transposant dans le monde moderne, c’est le défi relevé avec succès par les cinéastes Jakob Schuh et Jan Lachauer, qui avaient déjà respectivement réalisé Le Gruffalo et La sorcière dans les airs.
De nouveau, le Studio Magic Light Pictures adapte un classique de la littérature jeunesse anglaise, plus précisément ici un roman de Roald Dahl, mais à l'inverse des fois précédentes, les réalisateurs-scénaristes n'ont pas sagement reproduit à l'identique le livre en question. Ils ont déjà commencé par se débarasser de la petite, mais tout de même encombrante, Boucle d'Or pour broder autour des cinq autres contes un fil conducteur de taille et totalement inédit, celui du "pourquoi du comment" le loup nous raconte toute cette histoire. Point de loup narrateur dans l'oeuvre originale ni de rencontre entre Blanche Neige et Le Petit Chaperon Rouge, alors que dans le film, les récits s'entremêlent sans causer aucune gêne. "Pas de bon film sans bon scénario", comme diraient certains. Cette adaptation est particulièrement bien construite, se déroulant en 61 minutes tout juste, avec un montage aux petits oignons. C'est une affaire rondement menée, mais non sans suspens. Loin de là, on se croirait d'ailleurs, avec ce "court" long métrage divisé en deux parties, dans un excellent thriller : une même séquence mise en scène de deux manières différentes, un travelling circulaire à 360° et le tour est joué ! L'intrigue principale voudrait bien se faire passer pour secondaire, mais la seconde partie ne laisse plus de place au doute. Le loup a beau ne pas vouloir trop éveiller les soupçons, les spectateurs sont malins et tout cet habillage cinématographique est bien sûr destiné à tester leur attention.
Raconter des histoires, tout un art auquel l'artiste prend plaisir pour ensuite le partager avec petits et grands. C'est bien ce qu'apprendra malgré lui le loup d'Un conte peut en cacher un autre. Ainsi, même si le coup du manche d'aspirateur était déjà dans le roman de Roald Dahl, on ne peut s'empêcher de penser que le loup du film improvise cette partie du conte pour amuser le petit garçon du Petit Chaperon Rouge, alors que son intention de départ était bien moins bienveillante. Pas de grand méchant loup puni mais un pas si grand méchant loup grandi, ce qui change de la morale habituelle. Les illustrations pleine de fantaisie de Quentin Blake, célèbre dessinateur et collaborateur de l’écrivain se transforment ici habilement en décors et personnages en volume, qui trouvent un point d'équilibre parfait entre une esthétique 3D dans l'air du temps et de belles trouvailles visuelles venant aussi bien de l'architecture, que de la peinture et du cinéma américain.
A la fois originale et très fidèle, cette adaptation ne manque pas de saveur et aurait sans aucun doute enchanté Roald Dahl!
Cinéma jeune public et ciné-club. Films de qualité depuis 1926.