« Mais quelle calamité ! » Quel bonheur, oui ! Quelle joie de découvrir une jeune fille de 11 ans aussi brave et courageuse. Suite au décès de sa mère, Martha Jane passe ses journées à s’occuper de ses benjamins, à étendre le linge et à ramasser des bouses séchées avec ses camarades. Mais alors que les autres jeunes filles s’y attellent sans rechigner, elle réalise que cette vie n’est pas une fatalité. Les garçons, quant à eux, sont des cow-boys : ils surveillent les troupeaux, galopent sur de rapides étalons et mènent les convois. Alors Martha Jane s’interroge : « pourquoi les hommes ont plus de chance en tout ? » Pourquoi ne pourrait-elle pas faire de même ? Pourquoi sa vie ne pourrait-elle pas être différente ? Martha jure, raconte des histoires, porte des pantalons, et tient tête aux adultes — et aux hommes ! — et surtout, elle prend les devants ! La nuit, elle s’entraîne au lasso et à monter à cheval. Alors pourquoi devrait-elle rendre cette liberté, sous prétexte qu’elle est une fille ? Ce n’est pas parce qu’on ne rentre pas dans le moule qu’il faut se laisser marcher sur les pieds !

En route ! Le temps du périple est celui de l’apprentissage. Bye bye Martha Jane ! Plongés au cœur du Far West, nous assistons à la naissance de Calamity. En brisant les codes, elle s’oppose à la société bien pensante. C’est un esprit libre (et on la comprend tellement !) Rythmée par la musique bluegrass, l’intensité du quotidien de l’héroïne nous gagne et, avec elle, on est prêts à affronter tous les dangers et à réparer les injustices. Plaines infinies et mers de nuages s’étendent sous nos yeux. A croire que l’écran s’élargit...

En filigrane des aventures de Calamity, autant de sujets importants sont abordés : le deuil, le harcèlement, la difficulté d’être une femme - et une enfant - et, bien sûr, l’Histoire. Cavaliers, Indiens, orpailleurs, dans les plaines du Grand Ouest, on en croise du monde ! Et notamment des personnages très intéressants comme Madame Moustache (jouée par Alexandra Lamy) qui dirige sa propre mine. En plus, l’humour n’est jamais bien loin, à commencer par « Jambon », le fidèle destrier de l’héroïne. Gags, blagues et jeux de mots, Calamity nous offre d’ailleurs une scène de travestissement hilarante digne de Certains l’aiment chaud (Billy Wilder, 1959).

Comme le dit son réalisateur, Rémi Chayé : « Calamity est un personnage génial, elle représente ce que beaucoup appellent des garçons manqués mais que je préfère baptiser des filles réussies ! » (Le Dauphiné Libéré, 19/06/2020). En voilà une bonne idée ! Indépendante et libre, Calamity est une figure féminine et féministe à découvrir absolument dans ce western animé. Grandeur nature !