Année : | 1973 |
Réalisé par : | Peter Bogdanovich |
Durée : | 1 h 42 |
A partir de : | De 8 ans à adulte |
Au Kansas, dans les années 30, Moses Pray, escroc à la petite semaine, assiste à l’enterrement d’une ex-maîtresse et accepte d’emmener la fille de celle-ci, Addie, chez une tante. Pendant leur trajet, leurs rapports sont tendus. L’orpheline est persuadée que celui-ci est son père, en raison de la ressemblance de leur menton mais Moses refuse d’endosser ce rôle. Etonnamment mature pour son âge, la petite Addie s’avère être une coéquipière très efficace : c’est le début de leur épopée.
La représentation commune des enfants (et particulièrement des petites filles), au cinéma comme ailleurs, est un portrait d’enfant sage, gentil, malicieux, spectateur du monde ou victime de celui-ci. Quel choc alors que la rencontre avec Addie, le personnage principal de La Barbe à papa…
Cette gamine de 10 ans fume, elle n’est pas mignonne, elle n’est pas gentille, elle ne subit pas les événements, elle orchestre avec détermination et autorité le monde autour d’elle. Elle manipule, elle manigance et nous offre avec panache un superbe éloge de l’insolence.
Quand l’insolence permet de ne pas plier sous le poids de la fatalité, quand elle permet de faire éclater l’intelligence contre la bêtise, de prendre la parole, d’habiter le monde avec un désir ardent d’y trouver sa place, alors elle est une attitude que l’on pourrait qualifier de vitale.
Bien sûr, les adultes hésiteront à montrer ce film aux enfants, se demandant d’une part ce qu’ils retiendront de l’attitude de cette petite fille, d’autre part, comment il leur sera possible de répondre aux questions, bien embarrassantes, qui viendront après…
Mais c’est le plus beau pouvoir du cinéma que celui d’interroger, de distiller du poil à gratter et de nous engager à discuter.
Ajoutons à cela que le film est enlevé, pétillant, formidablement filmé par une caméra virtuose et pourtant discrète, porté par un duo d’acteurs aussi drôles que touchant.
Difficile alors de résister à suivre Addie dans son voyage.
La Barbe à papa est un film important, nécessaire, de ceux qui nous emportent dans leur tourbillon le temps qu’ils durent et qui nous reposent dans le monde, à la fin de la séance, avec l’envie précieuse de parler et d'échanger.
Cinéma jeune public et ciné-club. Films de qualité depuis 1926.