Année : | 2015 |
Réalisé par : | Mamoru Hosoda |
Durée : | 1h59 |
A partir de : | 9 ans |
Dans le cadre de Mon Premier Festival.
Shibuya, le monde des humains, et Jutengai, le monde des Bêtes... C'est l'histoire d'un garçon solitaire et d'une Bête seule, qui vivent chacun dans deux mondes séparés. Un jour, le garçon se perd dans le monde des Bêtes où il devient le disciple de la Bête Kumatetsu qui lui donne le nom de Kyuta. Cette rencontre fortuite est le début d'une aventure qui dépasse l'imaginaire...
Après Les enfants loups, Ame et Yuki, Le garçon et la bête confirme le talent de Mamoru Hosoda et son importance dans l’animation japonaise. On reconnait là son trait unique : une animation en apparence ultra-réaliste (à tel point que certains plans donnent l’impression d’avoir été filmés !) où le merveilleux peut surgir à tout instant. C’est l’extraordinaire qui émerge de l’ordinaire. Ici, l’art de la fugue amène à la découverte de nouveaux horizons : à l’opposé de la réalité triste et sombre des humains, celle des bêtes est une invitation à l’aventure et au dépassement de soi. La rencontre entre Kyuta, l’orphelin rebelle, et Kumatetsu, l’ours colérique, va faire des étincelles. C’est l’histoire d’un apprentissage à double sens : en faisant du jeune garçon son disciple, Kumatetsu devient malgré lui un père de substitution. Quant à Kyuta, il parvient à « apprivoiser » son maître et à lui faire prendre conscience de ses responsabilités d’adulte. Comme dans Les enfants loups, il s’agit de soigner un deuil (la perte d’un parent) grâce à l’intervention de la fantaisie, sans pour autant sacrifier l’humour : les entrainements et les chamailleries entre Kyuta et Kumatetsu sont l’occasion de grands moments burlesques, en raison de leurs forts caractères. Ils forment ainsi un duo comique digne de Laurel et Hardy. La comédie prend alors le pas sur le drame et l’aventure offre à nos deux compères une ouverture sur eux-mêmes.
Mêlant avec subtilité tendresse, loufoquerie et fantastique, Mamoru Hosoda réalise un récit bouleversant sur la transmission et la résilience : le passage d’un monde à un autre permet de faire circuler les affects pour ainsi les sublimer. La frontière entre les hommes et les bêtes finit par se dissiper et les blessures intérieures peuvent enfin cicatriser. Grâce à Kumatetsu, Kyuta trouve la force nécessaire pour dépasser son trauma et affronter les épreuves de la vie. Comme son maître, il apprend à devenir un adulte.
Film d’aventure épique (avec des combats spectaculaires) et drôle, Le garçon et la bête s’inscrit dans le panthéon du cinéma d’animation. Visuellement splendide, c’est un spectacle digne d’un feu d’artifice. Un festival d’émotions. En somme, un joyau !
Cinéma jeune public et ciné-club. Films de qualité depuis 1926.