Année : | 2015 |
Réalisé par : | Claude Barras |
Durée : | 1h06 |
A partir de : | 7-8 ans jusqu'à adulte |
De son vrai nom Icare, Courgette est un petit garçon de dix ans que la vie n’a pas épargné. Il vit seul avec sa mère depuis que son père est parti faire le tour du monde avec une poule. Son quotidien avec cette mère alcoolique, et parfois violente, va tout à coup basculer, et le destin va le conduire au foyer des Fontaines. Il va y faire la connaissance d’autres enfants aux parcours difficiles qui vont devenir son nouveau monde. Il va vivre de nombreuses aventures riches en émotions, car dans un foyer, on ne trouve pas que de la tristesse ! Courgette va découvrir que l’amitié et l’amour sont encore possibles, et pourquoi pas l’espoir d’un nouveau départ.
Après la séance, venez découvrir les secrets de fabrication de l'image d'animation avec un atelier organisé par l'association Et si les images.
Le premier pari de Ma vie de Courgette résidait tout d’abord dans le scénario, dont l’ambition était d’adapter un roman destiné à un public adolescent en une histoire accessible au jeune public, tout en conservant l’essence du récit. La volonté de faire ressentir aux jeunes spectateurs des émotions plus complexes que la plupart des productions qui leur sont destinées est assumée et revendiquée… pour le plus grand plaisir du spectateur.
Pour son premier long métrage, Claude Barras fait également le pari du mélange subtil entre humour et émotion, de traiter avec une jolie légèreté un sujet qui est loin de l’être. Il nous offre ici une parole à hauteur d’enfant, délivrée avec une grande justesse par cet étrange petit garçon aux cheveux bleus et au regard perdu qui nous touche en plein cœur. L’authenticité des dialogues et des voix est l’une des clefs de la réussite du film, dont parfois seule la forme nous rappelle qu’il ne s’agit pas d’un documentaire. En effet les intonations, le vocabulaire et les questionnements sont bien ceux des enfants de huit à onze ans, et il en découle de nombreuses scènes humoristiques. Comme pour nous rappeler que ces enfants maltraités survivent à leurs blessures, et qu’ils n’ont pas perdu leur innocence. On s’attache très rapidement à ces bambins dont chacune des histoires témoigne d’une jeunesse bafouée par des adultes irresponsables. Et pourtant malgré les apparences, le récit de Ma vie de courgette est bien moins cruel que de nombreux contes de la littérature jeunesse.
Avec en toile de fond les blessures de l’enfance, Ma vie de Courgette se veut une œuvre lumineuse pleine de poésie. Un parcours initiatique à la découverte de l’amitié, de l'ouverture à l'autre et de l’empathie, ainsi que de l’amour sous toutes ses formes. Le foyer devient pour ces enfants un refuge, un lieu où ils peuvent se reconstruire à leurs rythmes. Le jeune Courgette va y chercher ses marques, et se sentir appartenir à quelque chose dont il n’osait plus rêver : une famille, et plus précisément celle que l’on choisit. Il s’agit là d’une notion fondamentale dans notre société moderne, et le film offre sur ce sujet un point de vue très positif et plein d’espoir.
Claude Barras compte parmi ses influences des réalisateurs tels que Tim Burton et Marek Beneš , et c’est naturellement qu’il a choisi de réaliser Ma vie de Courgette en marionnettes. L’esthétique très stylisée des figurines en mousse de latex animées image par image est d’une grande beauté, et leurs émotions nous sont principalement transmises par leurs grands yeux disproportionnés. Le film se voulant le plus réaliste possible, la mise en scène ne se précipite pas et privilégie les cadres fixes pour laisser les personnages évoluer, et aller aux bouts des expressions corporelles propres aux enfants.
Une vraie pépite à découvrir, où il y aura des rires et peut-être quelques larmes pour certains. Comme tous les grands films de cinéma.
Cinéma jeune public et ciné-club. Films de qualité depuis 1926.