Année : | 2018 |
Réalisé par : | Stan et Edouard Zambeaux |
Durée : | 1 h 30 |
A partir de : | 9 ans |
Le film se déroule à Paris, dans le 8e arrondissement, rue de Saint-Pétersbourg, près de la place Clichy, dans un centre d’hébergement d’urgence (CHU) expérimental, géré par Aurore, une association, qui, depuis plus d’un siècle, vient en aide aux personnes dans des situations de précarité ou d’exclusion. Un jour ça ira est d'abord une chronique de la vie quotidienne de ce centre pas comme les autres.
Son titre est plus qu’une promesse, il agit comme un programme, porté par tous les enfants, véritables héros de ce film. Djibi, Ange, Mouna, Yahia et les autres, participent à deux ateliers de création : le premier est un atelier d’écriture, leurs articles seront publiés dans le journal Libération, et le second consiste à écrire, composer et interpréter leurs propres chansons pour un spectacle final.
Un jour ça ira est donc un documentaire à la fois sur l’enfance et sur la création.
La projection sera suivie d'un débat en présence des réalisateurs Stan et Edouard Zambeaux, de Chowra Makaremi (Anthropologue, EHESS), Evangeline Masson-Diez (Doctorante en sociologie, Université de Strasbourg), et - sous réserve – de Djibi, un des protagonistes du film.
En partenariat avec l’Espace des Sciences Pierre-Gilles de Gennes / ESPCI Paris, dans le cadre du lancement de leur exposition « Trajectoires », avec le soutien de la Région Île de France.
Où sont mes racines ?
Les enfants de ce centre viennent de tous les pays du monde. Djibi l'exprime dans une de ses réflexions : « le couloir, c'est un voyage dans le monde. » Soudan, Afghanistan, Tunisie, Italie... Djibi l'écrit aussi : il est « un sérial déménageur » ! L'extraordinaire force de ces enfants éclate à travers leurs paroles, elles témoignent d'une grande maturité et, en même temps, ces enfants cultivent sauvagement leur part d'enfance. Ils sont joyeux, tenaces et pleins de vie. Tout ce qu'ils possèdent tient dans une valise, mais le regard qu'ils portent sur le monde est infiniment puissant et précieux.
Le centre, « [qui] ressemble à un hôpital, d'ailleurs [il] s'appelle CHU » est un lieu improbable, parce qu'on ne sait pas s'il est en devenir ou bien dans un état de destruction imminente. Au cours du film, il sera évacué pour une future réhabilitation. C'est donc un immense bâtiment en sursis, comme un paquebot, avec des enfilades de longs couloirs, distribuant, de part et d'autre, de nombreuses chambres, une cage d'escalier monumentale, de nombreux étages, un foyer et une bibliothèque gigantesque et très fournie, logée dans une ancienne cathédrale, toute blanche. C'est là que se trouve également le piano, qui sert aux ateliers de composition musicale. Cette cathédrale pourrait être la nef des fous. Un asile où l'on lit Victor Hugo, où l'on écrit et où l'on chante !
Rêver trop haut, ça sert à rien.
Les rêves de ces enfants sont simples : avoir un toit, des amis, rester auprès des êtres qui leur sont chers. Mais l'intérêt majeur et la singularité de Un Jour ça ira résident dans le cheminement artistique des enfants. En même temps que surgissent leurs mots et que résonnent leurs voix, ces enfants progressent dans leur vie. Nous suivons pas à pas leur travail de création, accompagné providentiellement par le journaliste de Libération et par Peggy, la pianiste exigeante et attentive, qui fait figure de fée libératrice. Quelle chance finalement, dans leur infortune, que ce dispositif d'entraide et d'insertion ! Et Djibi de conclure : « ça m'a donné des forces d'être ici. »
Un Jour ça ira ouvre une fenêtre sur le monde dans lequel nous vivons, et rend une image pleine d'humanité à des migrants qui d'habitude, n'ont pas de visage.
Cinéma jeune public et ciné-club. Films de qualité depuis 1926.